Xcite possède la réputation fort justifiée d’être un attaquant. Il est pugnace, parfois jusqu’à la brutalité et sait réserver à ses adversaires des charges dignes d’un capitaine Starck au meilleur de sa forme. Une sorte de Guderian sous amphétamine… Quant à moi, je me taille peu à peu une réputation de couille molle sans ambition, sans panache et sans envergure… mais redoutablement efficace pour ce qui est de défendre millimètre par millimètre une terre chèrement acquise à cent contre un… Bref, j’utilise fréquemment un jadgpanther pour aligner une jeep à 2 000 mètres et un OA de 120 pour faire du tir de couverture… J’applique en cela les préceptes de mon maître honni de tous, ce bon Monthy. J’économise mes moyens, même si j’en ai pléthore… Autant dire que ce scénario « cache-cache » nous à tous deux placés dans un rôle à contre-emploi ! Xcite défendant chèrement la peau de ses finlandais avec du matériel manquant de punch et des effectifs réduits… Tandis que de mon côté, je me retrouve avec une horde soviétique qui ne demande qu’à déferler dans les bois. Autant vous dire que moi, déferler… bof, bof… et que Xcite, défendre… bof, bof aussi…
Le principe général du scénario est de franchir une forêt vallonnée et piégeuse, jalonnée de drapeaux intermédiaires pour déboucher sur un village et une route, objectifs terminaux de l’irrépressible avance russe.
Mes forces sont d’ores et déjà disposées en tenailles. Néanmoins, l’une des mâchoires de ladite tenaille est largement plus avancée que l’autre, menaçant mon dispositif au cœur. Selon mon déploiement initial ma tenaille avancée de droite n’a qu’un saut de puce à faire pour s’emparer d’un drapeau et tenir l’orée du bois avant le village. Sachant que la puissance défensive d’Xcite jouera surtout à plein à ma sortie du bois (casemates, canons anti-chars…), tout mon jeu repose sur la possibilité de gagner sans en sortir ! Ainsi, sur ce flanc droit, je décide dès le début de ne pas pousser plus avant que l’objectif immédiatement à ma portée.… Loinvoyant le fourbe et le pleutre a fait le compte de ses drapeaux et en jouant les épiciers, je peux au final en tenir un de plus qu’Xcite sans même sortir du bois… J’envoie donc une grosse section renforcée par pas mal de maxim et de fusils anti-chars cueillir ce drapeau orphelin et place tout le reste de mon flanc droit en position de contenir l’orée du bois. Un peloton de SU-76 sera à cette occasion et à cette fin placé en défilement total derrière une petite crête pour empêcher toute velléité de sortie du village par un adversaire que je sais impatient… De fait, ce secteur de la carte sera le plus calme, ses deux STUGIII ont dû recevoir plus d’une centaine d’impacts de fusils anti-chars tandis que mes braves gars tenaient bons leurs positions sous les obus explosifs. Beaucoup sont morts… Bloc contre bloc nous nous sommes neutralisés pendant trente tours…
Pour ma tenaille gauche et mon centre, l’histoire est toute autre… J’ai quatre drapeaux à conquérir pour avoir la majorité des objectifs. Je fonce (terme à prendre avec beaucoup de mesure en ce qui me concerne) avec une compagnie et un peloton de T34 sur le bord gauche de la carte. Je suis très sérieusement ralenti pendant vingt tours par un drapeau fermement défendu par Xcite à la tête d’une section remontée à bloc… Craignant les pièges et les schrecks je suis plus que prudent… Pour le centre, je prends l’option de rapatrier de mon flanc droit une compagnie et un peloton de ISU 152 au nez et à la barbe d’Xcite et de faire avancer une autre compagnie, placée initialement au centre, à travers les bois. Pas d’opposition notable compte tenu de mon écrasante supériorité quantitative et qualitative. Ma tenaille gauche et mon centre se rejoindront dans les ultimes tours sur le dernier drapeau convoité, défendu par des tranchées, une casemate en bois, un ou deux blindés légers et quelques mines…
J’imagine la déception de Gilles qui devait m’attendre dans le village et à la sortie du bois avec le couteau entre les dents (et surtout un Pz IV !) mais j’ai tout misé sur une stratégie d’épicier en privilégiant un écrasant rapport de force local en ma faveur et une avance très très timorée… Dès le départ, j’ai compté les drapeaux comme l’avare compte ses sous et je n’ai pas pensé au-delà… Partie certainement frustrante pour l’ami Xcite qui a dû ronger son frein pendant trente tours en attendant de voir débouler mes blindés. J’espère qu’il ne m’en veut pas trop d’avoir privilégier le résultat au détriment du spectacle et du panache… Je souhaite bien entendu le retrouver sur une partie où il pourra donner libre cours à son sens de la mobilité, de la manœuvre et du cadrage débordement ! Je le félicite néanmoins pour son sang froid, son opiniâtreté et sa défense face à un adversaire toujours plus nombreux et mieux équipé. Moi, en tous cas, je me suis régalé car la carte est sublime et l’OB riche et équilibré. A la revoyure bon papa et félicitations à R2 pour ces longues heures de plaisir…
