Je joue contre Madmann pour le championnat CMAK. Autant vous dires que les gars d’en face ont les crocs et qu’ils ne vont rien épargner à mon auguste personne. On m’a flanqué un village miteux à défendre avec une poignée d’hommes quelques Stugs, PZ et un malheureux Marder.
Le Paysage est austère comme un président du conseil de la troisième république et je n’ai vraiment pas grand chose à faire sinon d’attendre Madmann pour lui faire la fête qu’il mérite.
Cette attente me parait interminable, je scrute la colline de l’autre coté de la rivière sans voir bouger ne serait ce qu’une gerbille. N’y tenant plus, je bouge mon gros Marder afin d’observer un angle qui m’étais encore alors invisible. Quel mal m’en a pris ! Deux Sherman me salue au loin avec du 76 et l’engin ne tarde pas à flamber. Ceux de l’équipage qui n’ont pas carbonisés sur place, peuvent observer pendant quelque temps encore le ballet magique des boules vertes qui esquissent un pas de deux pour augmenter leur LDV et ainsi surprendre le moindre mouvement de mon côté. Ce spectacle sera vite interrompu par un tapis de fumigène exhalé par mon vaillant adversaire. Le village est sous un brouillard total et j’entends juste le cliquetis des chenilles et des bruits de pas sur ma gauche ! Il n’y a plus aucun doute : l’ennemi a franchi la rivière et est en train de m’infiltrer ! Je n’ai rien vu venir et j’ai le sentiment désagréable d’être le mari trompé de l’affaire. J’oriente tout mon flanc gauche vers l’ennemi et ne touche pas mon flanc droit qui continue de garder le pont en contrebas. Les Stugs et autres PZ n’auront même pas le temps de se moucher avant de recevoir leurs doses létales de perforant. Très vite il ne me reste plus que mon infanterie, planquée dans les armoires normandes des maisons, en guise de résistance, le tout très vite débordé par une dizaine de Sherman accompagnées de biffins déterminés à en découdre. De l’autre côté, la situation n’est pas plus brillante : si un canon anti-char a réussi à calmer deux Sherman qui venaient voir si l’endroit était aussi accueillant qu’on le disait, très rapidement la situation ressemble étrangement à celle de mon flanc gauche. Des tas de ferraille déboulent sur l’avenue principale et soufflent tout ce qui bouge dont un PZ qui n’a même pas eu le temps de lever la trompe en signe de ralliement ! Mad, c’est sûr, veut ma peau, et il explose chaque maison pour arriver à ses fins. Je lance le mot d’ordre final : « Chacun pour sa gueule » et disparaît dans le maquis à la « Colonna ». Aux dernières nouvelles il y aurait encore deux gars cachés sous le plancher de la ferme des Brancosi, un autre qui chante tout nue dans la garigue et qui, suite à un choque émotif, fait pipi toute les deux minutes environ ( oui enfin celui là c’est moi). Le dernier survivant est déguisé en femme dans le village de Brontofi à quelques kilomètres de là et a été obligé l’année dernière d’accepter de se marier avec le doyen du village, honorablement âgé de 113 ans, pour ne pas être découvert. Si vous passez par là, pourriez-vous m’apporter quelques revues sportives, et un seau pour récupérer le lait de mes chèvres s’il vous plaît.
Votre dévoué Alison.