Une nouvelle partie contre le pingouin volant et une nouvelle défaite sur le scénario « la dernière valse » qui se passe à Berlin ! Tout avait pourtant bien commencé : je connais très bien cette ville pour y avoir résidé à cinq reprises, je suis équipé d’un King Tiger et de quelques PZ. Et j’ai relativement confiance dans les vieillards séniles et les adolescents pré pubertaires boutonneux qui me servent de garde prétorienne pour la défense du quartier. Le Führer m’a ordonné de maintenir sur place les troupes des généraux Joukov et Koniev ! Autant dire que c’est comme si vous demandiez à Gilbert Montagnier de réaliser une copie de la Joconde !
C’est donc la mort dans l’âme que je mets en action tout mon petit monde, de maison en maison pour construire une défense digne d’un bac à sable un mercredi après midi . Ma pièce maîtresse se place dans le défilement d’une artère équivalente à l’Unterlinden. Le mastodonte ripe sur ses chenilles, se place en défilement de tir pour tendre un piège aux éventuels cosaques qui oseraient montrer le bout d’un IS 2. c’est bien là le problème : ils osent les bougres !!! Un premier coup de 150 me déssoude les chenilles laissant mon pépère en biais à l’angle de l’avenue. Le second coup trouvera la partie faible de ma tortue et videra son contenu en moins de 30 secondes. En regardant, affligé, ce spectacle navrant, je comprends instantanément que je ne suis qu’une ombre en sursis dans ce no man’s land qui va devenir très rapidement totalement hostile et comme d’habitude l’avenir me donnera raison.
La seule chose qui me semble alors encore sensé est de tendre des traquenards ça et là avant de décrocher le plus vite possible. Les gamins se mettent donc à réaliser des bombes à eau et des boulettes de papier mâché pour les stylos Bic et les anciens bricolent des lances pierres avec leurs cannes et les élastiques de leurs slips kangourou !
Après avoir réussi à blesser à l’œil un popov qui buvait à la gourde, je tente en vain de rapatrier ma première section d’embuscade vers l’arrière : un T 34 à l’affût balaye tout ce joli monde au 76 et à la mitrailleuse, j’espère juste que ce salaud de Russe aura au moins un glaucome à l’œil, avec ce qu’on lui a mis quand même !
De pâté de maison en pâté de maison nous décrochons, de moins en moins nombreux à chaque rue perdue. Certains se font même déborder et encercler sans avoir eu le temps de souffler la moindre boulette…
Les seuls moments de répits nous proviennent lorsque nous goûtons, à plat ventre, la fraîcheur du gazon sur le visage durant une rafale de Maxim au-dessus de nos têtes, ou au passage des deux chenilles de T 34 entre nos corps patiemment aplatis. Les Staliniens déboulent de partout sans que mes survivants ne puissent réorganiser leurs défenses et nous finissons au bord de la carte accrochés au dernier drapeau du quartier qui n’est pas encore devenu rouge sang. Je suis épuisé, je vois un planton gardant un T 34 sur le trottoir d’en face, je traverse en levant les mains, je me rends, soulagé, hagard, je me surprends à chanter…
Vor der Kaserne
Vor dem groBen Tor
Stand eine laterne
Und steht sie noch davor
So woll’n wir uns da wieder seh’n
Bei der laterne wollen wir steh’n
Wie einst Lili Marleen
We einst Lili Marleen
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