VESTIGE DE GUERRE Appui-Feu

Arduenn a écrit : "

SHERMAN M4A3, châssis n° B206360A situé à Wibrin
(Houffalize) - BELGIQUE.

Ce blindé a été détruit dans la région de Wibrin durant la bataille des Ardennes, le 14 janvier 1945.
Il présente 2 perforations de 75 mm sur la caisse frontale (niveau conducteur), mais également la trace de 2 ricochets (probablement également du 75 mm) à ce même endroit.
(le deuxième n'est pas visible sur ce cliché)

Le canon de 75 mm court est éclaté, résultante probable d'un sabordage par l'équipage.
Le canon s'est bloqué en phase de compression.

Pour une raison qui m'est inconnue, ce blindé a été sauvé partiellement des ferrailleurs.
La découpe du char permet un mesurage précis des épaisseurs du blindage. Fait intéressant, l'équipage de ce Sherman n'avait manifestement pas du tout confiance dans l'épaisseur des plaques de blindage originelles du char.
Ce fait est attesté par la présence d'une plaque de surblindage (40 mm) soudée sur le flanc droit de la tourelle

A quoi s'ajoutent les plus classiques plaques de surblindage latérales (25 mm) de la caisse.

Mais l'équipage n'en est pas resté là :

A l'avant, protégeant le poste de pilotage et celui du mitrailleur de caisse, 2 plaques de 37 mm ont également été soudées.

Nous avons donc relevé les côtes de blindage suivantes :

Caisse frontale : 60 mm + 37 mm sur le poste de pilotage et du mitrailleur.
Caisse latérale : 40 mm + 25 mm de surblindage protégeant le pilote et le mitrailleur.
Tourelle latérale : 65 mm + 40 mm de surblindage côté droit.
Tourelle arrière : 50 mm
Toit de tourelle et de caisse : 20 mm
Séparation compartiment moteur : 40 mm

Et le peu de confiance éprouvé par l'équipage était manifestement fondé :
2 perforations de 75 mm ont probablement mis fin à la vie de ce sherman.
Un de ces 75 mm a même percé au niveau du surblindage, soit près de 100 mm inclinés !

Autre fait intéressant que l'on peut encore voir sur cette épave : les traces de la couleur blanche originelle, à l'intérieur de la tourelle.

Ce blindé appartenait à la 2nd Armored Division épaulée par la 84th Infantry Division, qui, le 3 janvier 1945, repart à l'offensive en direction du sud, avec pour mission finale, de faire la jonction avec la 3th Army de Patton qui elle, progresse vers le nord.
But escompté : couper le saillant à sa base, pour enfermer dans une nasse le maximum d'unités ennemies.
La 2nd Armored Division est composée de 2 combat command : A et B.

Le CCA progressera entre les rivières Ourthe et Aisne, à partir de la ligne Hotton â€“ Erezée.
Le CCB progressera à sa gauche, entre la rivière Aisne et la RN 15 (aujourd'hui RN30) reliant Manhay à Houffalize, à partir de la ligne de front Erezée â€“ Manhay.

Il fait un froid sibérien sur la région, et les chutes de neige sont importantes, rendant la progression des chars très pénible sur les routes verglacées.

Jack Hyland en témoigne :

" Dick Owens et moi occupions un trou peu profond creusé dans un talus bordant la grand route de La Roche. Des tanks arrivèrent, dérapant et zigzaguant d'un côté à l'autre de la route verglacée. Nous jugeâmes qu'il ne faisait pas bon rester là et nous changeâmes de position.
Peu après, un des tanks glissa et vint finir sa course sur notre ancien trou.
Si nous y étions restés, sans doute aurions-nous été écrasés. "

Le 10 janvier
Le temps est froid et clair, la visibilité est excellente.
Des cuisines de campagne sont installées à proximité du front pour permettre aux hommes de manger un repas chaud.
Le reste de la journée est consacré à la maintenance du matériel, et notamment au montage de patins de chenilles en caoutchouc sur les blindés afin de faciliter leur progression.

Le 11 janvier
La ligne de front est inchangée, la journée est consacrée à regrouper et réorganiser les unités en prévision des opérations à venir.
En ce qui concerne le CCA, sa mission sera de progresser dans le secteur du bois St Jean pour ensuite pousser en direction de Wibrin, il doit en outre s'emparer de Chabrehez sur son flanc gauche.

Le 12 janvier
Après de furieux combats, le village de Les Tailles tombe entre les mains US.
Le CCA pour sa part, sépare ses forces en 2 Task Force : A et B.

La TF A, commandée par le colonel HINDS, attaque vers le château et la ferme du Bois St Jean. Après un combat acharné, la compagnie B du 82è bataillon de reconnaissance et la compagnie de reconnaissance du 66è régiment blindé s'emparent vers 13 hrs de la ferme du Bois St Jean.

Château du Bois St Jean, qui vit notamment le passage du général Hasso VON MANTEUFFEL et de Sepp DIETRICH

Ils y capturent l'état-major du 2è bat du 1129 Régt de la 560 VGD.
C'est ce régiment qui défend la route menant à Wibrin.

Le 13 janvier
A 0830 hrs, la TF A reprend son offensive dans la direction du bois de Belhez.
Vers 15 hrs, elle tombe sur un barrage constitué d'arbres abattus et de mines.
Les Américains progressent encore de 2 km, avant que la neige épaisse et l'obscurité ne les contraignent à s'arrêter.

La TF B s'est, elle, scindée en 2 autres TF : la TF Erwin et la TF O'Farell qui attaquent en direction du bois de Wibrin.
Le terrain boisé et le manque de chemins praticables rendent la progression extrêmement pénible.
De plus, elle doit faire face à la résistance acharnée de petits groupes de VG dispersés dans les bois, à des tirs de mortiers, et à des tirs de harcèlement sporadiques de l'artillerie allemande.
Ce sont ensuite 2 barrages minés qui doivent être éliminés sur la route de Wibrin.
Malgré toutes ces difficultés, la TF B se trouve en fin de journée à environ 2 km au nord de Wibrin.
Vers 16 hrs 30, les 2 TF établissent le contact et s'organisent pour passer la nuit.

Le 14 janvier

Au matin du 14 janvier, le CCA engage vers 0830 hrs, l'assaut sur Wibrin et Chevroumont.
La TF A attaque pour nettoyer les bois " Avant Belhez " et " les Chapons ".
Elle arrive à la lisière des bois au nord-est de Wibrin vers 1530 hrs.

La TF B attaque vers le village, scindée en 2 groupes :
La TF Erwin, comprenant une section de TD, une compagnie de shermans et de l'infanterie, attaque par les hauteurs, au nord, tandis que la TF O'Farell, avec un bataillon de chars incomplet et une compagnie d'infanterie, attaque par le nord-ouest.
Les Allemands ont disposé leur infanterie dans le village, leurs chars et canons AC étant disposés sur la colline au sud de Wibrin.

Vue sur la colline d'où déboucha la TF Erwin

Dès que la TF O'Farell quitte le couvert des bois, elle est prise à partie par les canons et les chars allemands.

Vue sur la colline d'où déboucha la TF O'Farell (environ 2 km à vol d'oiseau)

Quatre chars sont détruits, chacun ayant été touché au moins à trois reprises.
L'infanterie subit également de lourdes pertes.
Malgré cela, elle avance et parvient à la lisière ouest du village où elle s'infiltre.

Colline prise par la Co H 66th Reg

La compagnie H du 66è Regt blindé, commandée par le capitaine James M BURT, réussit à passer à l'ouest du village, traverse la route de Nadrin et parvient sur les hauteurs au sud.
De là , elle parvient à tirer sur les positions allemandes, rendant celles-ci intenables, permettant aux fantassins de la Comp F du 41è Regt et la Comp G du 66é Regt de s'emparer du village.

La TF Erwin, pénètre dans le village par le nord. Le village est nettoyé et sécurisé vers 1730 hrs.
Les 2 TF s'emparent ensuite de Chevroumont et des hauteurs dominant Achouffe et Petite Mormont.

Le 16 janvier

Dans la matinée le CCA opère la jonction avec les unités d'avant-garde de la 3è Armée au pont de Rensiwez, refermant ainsi les pinces de la tenaille.
Malgré cela, une grande partie des unités allemandes a su s'échapper du saillant, grâce à l'habileté de ses chefs, et à l'incroyable combativité des hommes de troupe sur le terrain.

Quelques photos

Le canon et la boîte de vitesses

La place de l'infortuné chauffeur

Vue rapprochée de l'ensemble tourelle-chassis

Vue sur la qualité des soudures intérieures

La 560 Volksgrenadier Division

De loin la formation la plus faible de la Vè Panzer Armee, et sans expérience de combat, elle n'en fut pas moins efficace aux côtés de la 116 è PzD, dans sa course vers la Meuse.
Elle fut formée en Aoùt 1944, et arriva au front le 10 octobre 1944.
Son personnel était formé d'éléments provenant de diverses unités
(Heer, Luftwaffe), stationnés au Danemark et en Norvège.
Originellement destinée au front russe, c'est Hitler lui-même qui la désigna pour participer à Herbstnebel.
Mais au lancement de l'offensive, le 16 décembre, elle était loin d'être au complet : à peine 50% des effectifs. Ses 3 régiments n'excédaient pas la force de bataillons, et furent désignés sous le nom de Kampfgruppen, portant le nom de leurs commandants : Schmidt, Happich et Schumann.
De plus la division ne disposait pas de canons d'assaut, et ne toucha que 10 hetzers, quelques jours après le début de l'offensive.
Son commandant, le Generalmajor BADER était encore hospitalisé lors du lancement de l'opération et fut remplacé par l'Oberst LANGHAàœSER.
Lorsque BADER reprit son commandement le 26 décembre, la force de la division n'excédait plus celle d'un bataillon : le KG SCHMIDT avec 300 hommes, et les KG HAPPICH et SCHUMANN 250 hommes chacun.
En l'absence de BADER, LANGHAàœSER réussit à conduire sa division, à travers les lignes américaines, jusqu'à Hotton, pour ensuite être réaffectée à la place de la 2èPzD SS Das Reich, dans les environs de la Baraque de Fraiture, où elle fut temporairement assignée au II Panzer korps SS.
Le reste de la division fut finalement fait prisonnier dans la poche de la Rà¼hr en avril 1945.

Sa composition :

1128 Volksgrenadier Regiment
1129 Volksgrenadier Regiment
1130 Volksgrenadier Regiment
1560 Artillerie Regiment
1 bataillon de 3 batteries de 75 mm (18 pièces)
2 bataillons de 2 batteries de canon de 105 mm (12 pièces)
1 bataillon de 2 batteries de canons de 150 mm (12 pièces)
1560 Panzer Jaeger Abteilung
Canons Pak tractés : environ 10 pièces
Une dizaine de Sturmgeschutzen
1560 Nachrichten Abteilung
1560 Pionier Abteilung
560 Fà¼silier Kompanie

La 2nd Armored Division " Hell on Wheels "

Elle est activée le 15 juillet 1940. Après son entraînement, elle fait son apparition en 1942 en Afrique du nord, puis participe à l'invasion de la Sicile.
En novembre 1943, elle est reformée et entraînée en Angleterre, en vue du débarquement en Normandie, où elle débarque le 9 juin, libérant Carentan, avant de participer à l'opération Cobra.
Lors de l'offensive des Ardennes, elle combat d'abord dans la région de Celles, où elle stoppe, avec l'appui de l'USAF, la 2è Pz D en approche de la Meuse.
Elle est ensuite redéployée sur la ligne Hotton â€“ Manhay, d'où elle repart à l'offensive
le 3 janvier 1945, pour réduire le saillant allemand.
C'est avec la 3rd Armored Division, la seule unité blindée américaine de type lourd.
Ses unités blindées s'articulent en Combat Command et Task Force, suivant la situation et les besoins du combat, ce qui autorise une organisation très souple de celles-ci.
Son commandant au moment de l'offensive était le général Ernest N. HARMON.

Sa composition:

CCA : Brig general COLLIER
CCB : Brig general WHITE

41st Armored Regiment (infanterie)
66th Armored Regiment (blindés)
67th Armored Regiment (blindés)
14th Armored Field Artillery Battalion
78th Armored Field Artillery Battalion
92nd Armored Field Artillery Battalion
82nd Armored Reconnaissance Battalion
17th Armored Engineer Battalion
2nd Armored Division Trains
2nd Armored Division Maintenance Battalion
2nd Armored Division Supply Battalion
48th Armored Medical Battalion
142nd Armored Signal Company
502nd Counter Intelligence

Sources:

Osprey order of battle n° 8 et 9
Les Tailles et ses environsâ€¦ d'une libération à l'autre 1944 â€“ 1945 de Michel MARTIN
Cartes IGN sous support informatique

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