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N'oublions pas que Varsovie s'est insurgée contre les nazis en 1944
Histoire
Elisabeth G. Sledziewski*

• maître de conférences à l'Institut d'Etudes Politiques de Strasbourg (Université Robert-Schuman), auteur de Varsovie 44, récit d'insurrection (éditions Autrement, 2004)

Pendant toute une semaine, du samedi 28 juillet au dimanche 5 août, la capitale polonaise a célébré le soixante-troisième anniversaire du déclenchement de l'insurrection de Varsovie contre l'occupant nazi, le 1° août 1944. Commémoration solennelle, comme tous les ans depuis la fin du régime communiste qui l'avait si longtemps prohibée, puis tolérée sur le tard : en honorant la mémoire des héros et des victimes de leur capitale insurgée, les citoyens de la Pologne démocratique disent non seulement leur piété envers les générations sacrifiées, mais aussi leur conscience d'avoir refermé l'abîme du malheur polonais et de s'être enfin réconciliés avec l'histoire. Commémoration fervente, donc, à laquelle la présence des derniers anciens combattants, désormais octo- ou nonagénaires, et d'année en année moins nombreux, donne une exceptionnelle gravité. Difficile, toutefois, de ne pas noter le contraste entre ces belles cérémonies et...

l'atmosphère politique délétère d'une Pologne en proie à des dissensions et à des scandales ubuesques… tout simplement indignes de ceux qui ont naguère versé leur sang pour sa liberté. Contraste pénible, aussi, entre la mobilisation des Varsoviens, la multiplicité, l'intensité émotionnelle des manifestations organisées pendant huit jours dans la capitale, et l'amnésie persistante dont fait l'objet l'insurrection de l'été 1944 dans le reste du monde, en France notamment.

Ayant souvent l'occasion de présenter au public cette page d'histoire, je remarque que nombre de nos concitoyens, quoique bien informés sur la II° Guerre mondiale, continuent à confondre l'insurrection de la capitale polonaise (1°août - 2 octobre 1944), contemporaine de la libération de Paris, Lyon et Marseille, avec le soulèvement des derniers habitants du ghetto, seize mois plus tôt, (19 avril - 16 mai 1943). Cette confusion s'inscrit à vrai dire dans une méconnaissance plus générale de ce que fut la guerre en Pologne, beaucoup de Français n'en retenant aujourd'hui qu'une seule dimension, l'extermination du peuple juif. Ignorance qui confine au déni de la réalité historique. Comme si les horreurs de la Shoah dans la Pologne occupée et/ou annexée par le III° Reich annulaient le calvaire de l'ensemble de la nation polonaise, que Hitler prétendait réduire en esclavage et sur laquelle il s'acharna dès le 1° septembre 1939. Les Polonais ne comprennent pas ce déni et en souffrent. A l'heure où les relations franco-polonaises se dégèlent, dans le sillage de la visite de Nicolas Sarkozy à Varsovie et des gestes de bonne volonté échangés au sommet, il est urgent de réactiver la confiance entre nos deux peuples en dissipant ce grave malentendu.

Rappelons donc que l'insurrection déclenchée le mardi 1° août 1944 à 17h (l'"heure W"= l'heure du combat) le fut à l'initiative des chefs de la résistance polonaise, l'AK (Armée de l'Intérieur, sous les ordres du gouvernement en exil à Londres). L'objectif était la libération de la capitale par les forces nationales avant l'arrivée, imminente, de l'Armée rouge. De son côté, radio Moscou encourageait le soulèvement, enjoignant au "peuple frère" de commencer le travail et lui promettant un prompt renfort. L'AK comptait plus de 50 000 hommes dans la région de Varsovie, les autres formations de la résistance, dont une petite armée communiste (AL), un millier. Les armes et munitions étaient en quantité dérisoire : surtout des grenades et des cocktails Molotov, un fusil pour 25 hommes, un pistolet pour 50 hommes, quelques dizaines d'armes automatiques. On distribua moins de la moitié de ce pauvre arsenal, avec trois jours de munitions.

Après quelques succès remportés par surprise et avec le soutien massif des civils, les insurgés se sentirent trahis. L'artillerie soviétique, toute proche, s'était tue. Staline avait stoppé net le mouvement de ses troupes vers le centre. Il les maintint l'arme au pied aux portes de Varsovie, fermant ses aérodromes aux avions alliés pour empêcher tout secours. Les nazis, eux, renforçaient leur potentiel terrestre et aérien. Dans la ville prise au piège, le massacre dura soixante-trois jours. Les troupes SS se déchaînèrent contre les combattants et leurs blessés, mais aussi contre les civils, pratiquant des exécutions de masse comme dans le faubourg de Wola où, du 5 au 8 août, environ 60 000 personnes furent mitraillées ou brûlées dans les caves de leurs immeubles. Sans ressources, abandonnée de tous, à l'exception de quelques héroïques pilotes de la RAF, l'insurrection capitula le 2 octobre. Ses survivants furent emmenés dans le Reich comme prisonniers de guerre. Les civils furent évacués de force puis parqués ou déportés. Sous les ruines de Varsovie détruite à 85% et réduite, selon le vœu du Führer et au grand bénéfice de Staline, "à un point géographique", on dénombra entre 200 000 et 250 000 morts.


  


Posté le par Cap_Dan
 


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