"Wilhelm,

Mon frère,
J'espère que tu vas bien !

Quel dommage que tu ne sois pas ici pour vivre ces moments à mes cotés ! Je ne comprendrai jamais quelle curiosité t'a fait choisir ta maudite boîte de sardines pour exhausser nos rêves d'aventures ! Je ne sais pas quel plaisir te procure l'obscurité permanente des sous-marins, mais il ne peut en aucun cas égaler les émotions du combat de chars !

..."


Vous cherchez quelle suite donner à ce courrier. Il n'est pas question de parler des blessés et des tués que vous avez dû laisser à la dernière étape, de toute façon les services du courriers ne laisseraient pas passer ce genre d'informations pessimistes : a quoi bon inquiéter les arrières, en effet, ils ont raison !

Pourtant, un certain abattement pèse sur vos épaule... La mort de votre capitaine, hier, la perte de 4 camions dans une embuscade, et surtout le regard plein de détermination de ce sergent russe, capturé hier : il avait une rage qui vous a glacée le sang ! Vous éprouvez une sorte de ...vague à l'âme, de .. de doute ? non, pas vraiment, plutôt la prise de conscience que cet adversaire là est peut être plus déterminé et moins défaitiste que les précédents... Une nostalgie de la Pologne ou de la campagne de France, peut être ? vous souriez en pensant aux Parisiennes si jolies sur les champs-Elysées ...

Vous vous redressez avant de vous endormir ! où allez vous chercher tout ça ? devant ce jeune aide de camp en plus ! Que penserait-il des officiers de la Whermacht ?

Laissant votre lettre pour plus tard, vous vous repenchez sur votre carte: le château ne doit plus être loin, maintenant ... Il ne s'agit pas vraiment d'un château - ni même d'une carte, pensez vous en souriant à nouveau - mais il semble qu'une sorte de bâtisse médiévale - ou en tout cas fort ancienne - existe quelque part devant vous! Lorsque vous avez annoncé votre intention d'atteindre ce havre pour faire halte quelques heures, le temps de réviser les matériels et de reposer les hommes, il n'a pas fallut longtemps pour que ces derniers s'écrient qu'ils allaient dormir au château ! Et vous les comprenez : il y a bientôt 78 heures que vous veillez. vous avez peut être dormi 6 heures depuis l'heure H, d'abord impatient et trop exité, ensuite  bien trop occupé... et maintenant trop inquiet !

Ce château n'est toujours pas en vue, et il faudrait pourtant quitter ces bois avant que la nuit ne tombe ... Et puis il faut dormir, et permettre aux mécanos de jeter un œil aux véhicules. Vous avez donc, il y a une demi-heure demandé à la colonne de forcer l'allure, et vous priez pour que votre choix du dernier carrefour ait été le bon : Pas facile de s'orienter sur une mauvaise carte,  au crépuscule, dans une région inconnue...



Dans un crissement de pneus, votre kubelwaggen vient de stopper ! comme vous lever le nez de vos papiers, prêt à réprimander votre chauffeur, vous entendez les coups de départ du canon de l'automitrailleuse qui vous précède : il y a un problème.

Vous dressant dans votre véhicule, malgré les balles, vous saisissez la situation rapidement.

Il semble... mais oui !
votre colonne vient de rattraper une groupe  de russes ! sûrement des troupes en retraite qui cherchent elles aussi le refuge du "château" !

Une telle opportunité de surprendre l'ennemi n'est pas si fréquente : vous faites signe à votre radio, et il transmet immédiatement l'ordre d'attaque ... Il avertira ensuite le bataillon de votre engagement pour mise en place de soutiens ... on ne sait jamais !

Tout cela pour affronter une trentaine d'hommes tout au plus, mais mieux vaut être prudent. Les rapports de renseignement, qui datent de ce matin, indiquent la région comme vide d'ennemis... probablement !

comme d'habitude, la rapidité d'action, le débordement perpétuel seront vos meilleures armes pour ce combat ...

le sifflement d'une balle plus proche vous fait sentir que le temps des rêveries est finie : il faut agir ...